Quand David Blanc devient sondeur d’âmes
Exposition vidéo 2010

Par Didier Piganeau - Sud Ouest - Publié le 28/12/2010
Trois minutes chrono pour répondre à une question surprise devant la caméra de David. © Crédit photo : Piganeau Didier

L’artiste David Blanc compte sur les témoignages de 150 Royannais ou visiteurs pour construire une œuvre vidéo originale qui verra le jour en avril prochain.

L’exercice n’est pas aussi évident qu’il y paraît : en trois minutes montre en main, pas une seconde de plus, pas une de moins, face à la caméra de David Blanc, vous devez répondre à l’une des 100 questions piochée au hasard. Et quelles questions ! « Avec qui aimerais-tu être en ce moment ? » ; « Le bonheur pour toi, c’est quoi ? » ; « Pourquoi fais-tu le boulot que tu fais ? »… et 97 autres du même acabit !

Il ne s’agit pas d’un jeu permettant de gagner un bon d’achat de 50 euros dans votre grande surface préférée, ni d’une sélection pour participer à une émission de télé à une heure de grande écoute, mais… d’un projet artistique. Un projet artistique monté de toutes pièces par David Blanc, artiste donc, musiciens à ses heures et qui depuis plusieurs mois travaille sur ce projet qui n’a rien à voir avec la musique.

Dans son bureau – une table une chaise, un ordinateur, une caméra – installé au premier étage d’un bar du Front de mer, David Blanc procède au méticuleux montage des témoignages récoltés depuis… mars 2009. Déjà une cinquantaine sont dans « la boîte ». « J’espère arriver à 150 d’ici à la fin du printemps… »

L’idée lui est venue comme ça, un beau jour. « Les questions sont simples, tiennent en une phrase, en quelques mots. Ce sont des questions que l’on se pose soi-même, et pour lesquelles il est intéressant de connaître la réponse des autres. »

Donc David a écrit ses questions sur des petits cartons tous identiques et les pose devant son « interrogé ». « C’est interactif et très vivant…. » La règle, outre celle des trois minutes est celle de l’obligation d’habiter ou de passer par Royan, la rencontre avec David ne se faisant que dans la ville proprement dite ou une des communes de la CARA. Le but est de monter une vidéo (ou plus exactement plusieurs séquences) qui sera présentée en avril à la salle de spectacle.

Cher !

David s’est pris lui-même à son propre jeu. Il a commencé ses séquences avec une petite caméra, mais très vite du matériel de très bonne qualité s’est imposé pour présenter un travail soigné. « J’ai dû investir dans une caméra haut de gamme, dans un ordinateur, du matériel de prise de son. » Bref, David a englouti une grande partie de ses économies et du coup, pour mener à bien son projet, il ne serait pas hostile à un soutien de la part des collectivités… Il a déjà entrepris des démarches qui lui laissent bon espoir.

Depuis plus d’un an et demi, David construit son œuvre. Les intervenants sont toujours volontaires, jamais de micro ou de caméras cachés et bien entendu, même s’ils acceptent les prises de vues et de sons, ils peuvent en refuser l’exploitation ou demander a posteriori de ne pas figurer dans le travail définitif. « De temps en temps j’essuie des refus catégoriques, il y a des gens qui adorent l’idée du projet, d’autres qui détestent. »

Du maire au SDF

« J’ai vadrouillé dans plein de milieux différents, j’essaye de réunir les gens, j’aime sonder leurs âmes même si ça peut sembler un peu utopique… » Il a braqué sa caméra et tendu son micro vers des jeunes, des vieux, des riches, des pauvres, vers des SDF aussi bien que vers le maire. Ce dernier a tiré la question : « Croyez-vous aux OVNI ? » À la fin du compte on ne sait pas très bien si Didier Quentin croit ou non aux petits hommes verts, une chose est certaine c’est qu’il a parlé pendant trois minutes. David tombe parfois sur des gens nettement moins loquaces comme cette quadragénaire qui a pioché : « Qu’est-ce que l’amour ? » La jeune femme bafouille quelques phrases, lève les yeux au ciel, soupire, sourit, cherche des mots qu’elle ne trouve pas, rit. Et ainsi de suite pendant trois minutes. « Mais elle a tenu à ce que je garde quand même son témoignage », assure David.

Pour enrichir sa « collection », David organise des rencontres dans des cafés ou reçoit les volontaires dans son bureau, il se déplace même à domicile (1). « J’ai eu des réponses très touchantes comme cette dame âgée de près de 90 ans et qui est tombée sur la question : Comment vous voyez-vous dans 10 ans ? »

Son œuvre d’art ne serait-elle pas à deux doigts de l’analyse psychologique ? « On peut tout à fait croiser quelqu’un, se faire une idée a priori sur cette personne et sa réponse à la question peut amener un tout autre regard sur elle… » Et puis souvent on se lâche devant le micro et la caméra, on dit des choses que l’on n’aurait confié à personne. Qu’en pensez-vous Docteur Freud ? Vous avez trois minutes pour répondre.

Source : Sud Ouest
https://www.sudouest.fr/2010/12/28/quand-david-blanc-devient-sondeur-d-ames-277414-1510.php

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